Contenu
Le théâtre, c’est le changement, c’est le temps, c’est la vie.
Orlando vit plusieurs siècles jusqu'au moment présent. Son histoire commence au 16e siècle.
Elle fait de lui l'amant de la reine Élisabeth Ire, le désespère de son amour pour une princesse russe et l’emmène à Constantinople, sous la forme d’un noble fortuné. Après un sommeil de sept jours, Orlando se réveille en tant que femme, rejoint un groupe de gens du voyage et découvre la vie simple. Le mal du pays la ramène en Angleterre au 18e siècle, où elles'habille à sa guise et apprécie la liberté en société. Le 19e siècle bourgeois la pousse à épouser Shelmerdine, un capitaine de haute mer qui, au prochain coup de vent, prendra le large.
À travers cette biographie fictive, Virginia Woolf examine la société à la loupe et interroge les rôles de la femme et de l'homme. Avec Orlando, elle esquisse un personnage qui se prend au jeu de la métamorphose et y participe avec envie, de manière émerveillée et ludique.
TOBS! théâtre déploie sur scène les multiples identités d'Orlando, les éclaire de manière kaléidoscopique et célèbre la force fantastique du théâtre qui peut traverser le temps.
Distribution
Distribution
Mise en scène Olivier Keller
Décors Dominik Steinmann
Costumes Tatjana Kautsch
Musique Daniel Steiner
Conception lumière Michael Nobs
Dramaturgie Patric Bachmann
Assistance à la mise en scène et régie de plateau Nora Bichsel
Stagiaire à la mise en scène Yael Stricker
Recherche matériaux «Orlando» Janna Mohr | Line Wickart
Surtitres SUBTEXT, Dòra Kapusta
Conduite des surtitres Stephan Ruch
Biographes Günter Baumann | Anna Blumer | Gabriel Noah Maurer | Janna Mohr | Fabian Müller
Königin Elisabeth I. Günter Baumann
Prinzessin Sasha Janna Mohr
Grossherzog*in Harriet/Harry Gabriel Noah Maurer
Nicolas Greene Anna Blumer
Shelmerdine Fabian Müller
Technique
Technique
Directeur technique Günter Gruber
Responsable des décors et ateliers Vazul Matusz
Menuiserie Simon Kleinwechter (Responsable) | Steven McIntosh | Raphael Schärer
Atelier peinture Daniel Eymann (Responsable) | Julian Scherrer
Atelier décoration Ursula Gutzwiller
Accessoires Line Wickart
Maquillage théâtre Barbara Grundmann-Roth (Responsable) | Mandy Gsponer
Responsable atelier couture Gabriele Gröbel
Atelier couture Catherine Blumer | Natalie Zürcher (Tailleures dames) | Janine Bürdel | Sarah Stock (Tailleures hommes) | Christine Wassmer (Adjointe administrative) | Katrin Humbert | Dominique Zwygart
Habilleuses Martina Inniger | Anja Wille
Responsable technique Adrian Kocher
Chef de plateau Bienne Samuele D'Amico
Chef de plateau Soleure Rémy Zenger
Agencement technique Peter Wiesmeier
Son Alex Wittwer
et toute l'équipe technique TOBS!.
Les décors ont été réalisés dans nos propres ateliers.
Fascinosum Orlando; réflexions de l'équipe
Le roman de Virginia Woolf date de 1928 et décrit un personnage capable de vivre des siècles et des siècles et de traverser toutes les époques possibles et imaginables. Qui est ce personnage? Au cours d'une discussion entre deux répétitions avec les membres de l’équipe, nous nous sommes demandé·e·s ce qui nous fascine tant chez Orlando.
Günter Baumann
Günter Baumann
Dans ce roman écrit il y a presque cent ans, je lis à ma grande surprise des considérations sur les questions de genre et d’identité sexuelle comme construction sociale. Et ce, sur un ton tout à fait détaché, presque évident. Cela contraste de manière frappante avec l'hystérie qui caractérise les discussions que nous avons aujourd'hui à ce sujet.
Orlando représente également pour moi l'histoire d'une personne ayant une grande nostalgie de sa propre créativité artistique. De ce point de vue, iel me rappelle beaucoup le personnage de Salieri dans Amadeus de Peter Shaffer, que j'ai eu l'occasion d’interpréter il y a quelques années. Déjà à l'époque j'ai fait l'expérience de cette douloureuse nostalgie, partagée par tellement de gens.
Nora Bichsel
Nora Bichsel
En tant qu'historienne, je suis fascinée par le personnage d'Orlando qui traverse plusieurs siècles, sans s’inscrire, semble-t-il, dans aucune époque vraiment. En tant que spectateur·rice·s, nous voyons comment Orlando observe, vit et remet en question de manière critique les évolutions de chaque époque et ses propres transformations.
Dominik Steinmann
Dominik Steinmann
Orlando nous emmène dans un voyage à travers le temps, différentes époques et systèmes sociaux, qui fait écho à notre histoire culturelle récente. Personnage universel et en même temps touchant, iel fait des observations virtuoses et des jeux d'esprit savants sur les systèmes de pouvoir passés. La voix d'Orlando, c'est la plume de Virginia Woolf : une approche féministe et littéraire de ces différents systèmes. On peut se demander qui serait Orlando aujourd'hui, dans un contexte d'insécurité sociale, de surconsommation et de fluidité des genres. Virginia Woolf le saurait.
Anna Blumer
Anna Blumer
Virginia Woolf est vraiment une nana très cool, une personne hyper intelligente, en avance sur son temps et pleine d'humour! Parfois, je vois dans Orlando la recherche de Virginia de sa propre identité d'auteure. En partant à la découverte de la littérature de différentes époques, elle trouve son style. La pièce nous fait rencontrer d’étranges personnages que Virginia décrit avec amour et que nous voulons jouer avec panache, tout en racontant un conte.
Olivier Keller
Olivier Keller
Orlando a pour moi une légèreté de danseur. Je projette sur ce personnage de nombreuses passions: les voyages, les sauts dans le temps, l'amour, la sexualité et l'amitié. Cela me touche beaucoup que Virginia Woolf ait écrit ce texte sous forme de lettre d'amour à Vita Sackville-West. En entendant les mots de Virginia Woolf, je ressens la surenchère émotionnelle à laquelle on procède souvent en écrivant des lettres d'amour passionnées. Cela me fait rêver.
Patric Bachmann
Patric Bachmann
Je suis fasciné par le cosmos dans lequel nous plongeons avec Orlando, à commencer par l'auteure. Virginia Woolf a vécu à Londres dans la première moitié du 20e siècle et évolué dans les milieux artistiques de cette époque. Au sein du Bloomsbury Group, des intellectuel·les débattaient de questions sociales, de préférences esthétiques et des conditions de travail dans le domaine de la recherche. Ces thèmes ont amené Virginia Woolf, parallèlement à son activité d'écrivaine, à réfléchir aux limitations auxquelles les femmes étaient confrontées dans le monde littéraire et à prendre position. Elle s'est en quelque sorte engagée pour la quête de l’art. Dans son célèbre essai «Une chambre à soi», elle revendique le fait que les femmes écrivaines ont elles aussi besoin d'argent et d'espace pour pouvoir exercer une activité artistique et connaître le succès. En plus de la nécessité d’exiger l’indépendance économique, elle accorde une grande autonomie d’appréciation de l’œuvre littéraire et invite les lecteur·trices à se forger leur propre avis. Dans son essai très remarqué «Comment devrait-on lire un livre?», elle remet en question la position de la critique et des canons littéraires. Virginia Woolf prône l'ouverture d’esprit de chacun. Cela me plaît beaucoup ; c'est pourquoi les deux petits volumes (récemment publiés par les éditions Kampa) sont devenus des compagnons incontournables dans mes recherches autour d'Orlando.
Musique
Le musicien Daniel Steiner témoigne de son approche d'Orlando
Les recherches effectuées pour le concept musical d'«Orlando» m'ont rappelé l'album «Switched on Bach» de la compositrice Wendy Carlos. Carlos est une pionnière de la musique électronique et a publié cet album en 1968. Il s'agit d'une collection de morceaux du compositeur baroque Jean-Sébastien Bach, interprétés par Carlos sur un synthétiseur Moog, un instrument électronique à clavier tout à fait innovant pour l'époque.
La transposition de l'harmonie baroque sur un instrument moderne, le synthétiseur, avec sa qualité sonore particulière, a donné naissance à une esthétique musicale tout à fait originale et innovatrice et fait de «Switched on Bach» l'album de musique classique le plus vendu de son époque. Jusqu'à la sortie de l'album, Wendy Carlos vivait en tant qu'homme sous le nom de Walter Carlos. Même si on peut faire le parallèle avec le roman, cet aspect est le fruit d’une coïncidence et c’est avant tout son activité de compositrice et d'interprète qui a retenu mon attention.
Comme la biographie d'Orlando s'étend sur plusieurs époques, l'approche de Carlos m’a permis de m’orienter et d’avoir recours à des partitions d'œuvres très diverses de l'histoire de la musique: de Clara Schumann, Jean-Sébastien Bach ou Maddalena Casulana, entre autres. Je les ai réinterprétées en studio, en utilisant différents instruments électroniques et acoustiques, des synthétiseurs numériques ainsi qu'un microphone spécial pour le larynx qui, comme son nom l'indique, est placé directement sur le cou, à la hauteur du larynx, et permet d’obtenir un timbre particulier. J'ai également suivi l'approche inverse, qui a été d’adapter des productions pop contemporaines et des compositions personnelles dans le style de la musique baroque et sacrée de la Renaissance.
1 – Günter Baumann, Anna Blumer, Gabriel Noah Maurer, Fabian Müller, Janna Mohr
2 – Gabriel Noah Maurer
3 – Fabian Müller, Anna Blumer
4 – Gabriel Noah Maurer, Fabian Müller, Anna Blumer, Günter Baumann, Janna Mohr
© Joel Schweizer
Scénographie
Petite étoile, grande influence
Il s’agit d’un petit signe, une étoile ou un point, qui, depuis un certain temps déjà, fait des ravages dans la société: l'étoile du genre. Le petit caractère prend la forme d’une astérisque, de deux points chez les germanophones, d‘un point médian ou d’un trait d’union chez les francophones. Il est l'ambassadeur d'une société diversifiée et inclusive, où tous les genres et les sexes sont représentés. Il a beau être un tout petit caractère, il échauffe tellement les esprits qu'il déjà fait l'objet d'interdictions, voire même de bannissement. Est-ce simplement parce qu'il modifie notre langue, voire pour certain·ne·s la défigure, ou parce que la langue désigne tout un système (de pensée) et que la peur de la perte des valeurs traditionnelles autorise une telle radicalité? Lorsque cette étoile s'abat comme une météore et vient fracasser les planches du théâtre, c’est bien la fulgurance et le pouvoir social de la langue que Virginia Woolf maîtrise si brillamment qui est désigné. C’est aussi l’occasion de réfléchir à l’ouverture d’esprit et la diversité dont on fait preuve sur ces mêmes planches en 2024 et de faire véritablement l‘expérience de la pensée en mouvement dans l’espace et le temps, comme Woolf avec Orlando. Dans la pièce, Orlando s’endort homme et se réveille femme. Un postulat on ne peut plus actuel: à une époque qui met littéralement à l’épreuve la binarité masculin-féminin, l’égalité des genres entre hommes et femmes est-elle vraiment garantie ? Et quel est le pouvoir véritable de la langue dans ce combat féministe? L’étoile revêt les couleurs de l’arc-en-ciel et de la diversité, enroulée dans les bannières brodées sur les métiers à tisser de la révolution industrielle et du progrès que nous accrochons à nos balcons dans un acte démonstratif de solidarité... Mais parviendrons-nous à changer le monde grâce à elles?
Mise en scène
Au début du travail d’adaptation du roman à la scène nous sommes parti·e·s à la recherche du personnage d’Orlando. Tout le monde essaie de saisir, de comprendre, de raconter Orlando. Cinq narrateur·trices adoptent le point de vue de Virginia Woolf et nous guident à travers la vie extraordinaire d'Orlando. La mise en scène est enrichie par de multiples personnages qui ont marqué Orlando. De fait, certains acteurs endossent plusieurs rôles. Les comédien·ne·s sont les biographes d’Orlando et font écho aux préoccupations de notre époque en s'adressant directement au public – de la même manière que la mise en scène fait écho au roman. Nous souhaitons stimuler l'imagination du public et partager avec lui à la fois notre fascination pour le changement. Et Orlando célèbre les possibilités qu’offre la fiction, en nous faisant plein de clins d'œil; mais dans le fond, c’est la vision que nous avons du théâtre qui rend tout cela possible. C'est un jeu, un essai: il n'y a pas une interprétation unique. Chaque spectateur·trice est légitime de se forger son propre point de vue de la représentation. Le théâtre doit être un projet commun, nous misons sur la franchise et l’ouverture d’esprit.
Impressum
Impressum
Éditeur:
Théâtre Orchestre Bienne Soleure TOBS!
www.tobs.ch
Saison 2024/25
Programme n° 1
Directeur général: Dieter Kaegi
Direction théâtre: Olivier Keller | Patric Bachmann
Rédaction: Patric Bachmann
Traduction: Stefanie Günther Pizarro
Création: Republica AG
Photos: Joel Schweizer
Choix des photos: TOBS!
Septembre 2024
Pour des raisons de droits d’auteur, il est interdit de faire des photos et des enregistrements audio et vidéo pendant les représentations.
Les affiches de la production peuvent être achetées à la caisse du théâtre.